Certains hommes pensent encore que les métiers de la mécanique en général ne sont pas faits pour les femmes. Ce machisme persistant ne s’applique pas uniquement à l’automobile puisque désormais le métier de mécanicien s’étend aux vélos.
Dans cet article, nous allons briser les tabous sur la place des femmes dans les métiers de la réparation de vélo.
Les stéréotypes de genre au travail ont la vie dure
Si l’on se place dans la sphère du travail, on voit très bien comment ces stéréotypes de genre ont marqué, et marquent encore, les métiers. Et il y a des professions qui ont traditionnellement été associées au genre.
Pompiers, gendarmes, scientifiques ou mécaniciens sont des professions éminemment masculines, représentant des attitudes de courage, de rationalité, de dynamisme, etc. Et les professions traditionnellement féminines sont les infirmières (pas les médecins), les aides-soignantes ou les femmes de ménage. Bien que des changements et des avancées aient lieu actuellement, ils restent des stéréotypes actuels dans la société et marquent nombre de nos jeunes dans le choix de leurs études.
Il continue d’y avoir une « persistance » de la répartition par sexe des modèles « femme-enseignante-infirmière » et « homme-ingénieur-technicien ». Les femmes optent plus que les hommes pour les diplômes regroupés dans les branches « Sciences de la santé », « Lettres et sciences humaines » et « Sciences sociales et juridiques ». Au contraire, les filières « Ingénierie et architecture » continuent de présenter un profil majoritairement masculin (plus de 70 % des inscriptions).
Une femme dans un atelier de réparation vélo
Stéréotypes de genre dans le métier de réparateur vélo
Typiquement, quand on pense aux emplois générés dans les secteurs de la mécanique et de la réparation, la première chose qui vient à l’esprit, ce sont les hommes. Il nous est difficile d’imaginer une femme dans ces métiers traditionnellement considérés comme « masculins ». Malgré le fait que les femmes entrent chaque jour plus en force sur le marché du travail, les secteurs de la réparation de cycles se caractérisent par une forte ségrégation professionnelle pour des raisons de genre.
Les femmes face aux vélocistes masculins
En matière de genre, les préjugés se valent dans les deux sens. Une femme face à un homme mécanicien sera moins en confiance. A l’inverse une femme se sentira plus à l’aise si elle se retrouve face une femme surtout lorsqu’il s’agit de quelque chose qu’elle ne maîtrise pas.
Il faut reconnaître que les magasins de vélo sont encore très masculins. Une femme qui vient pour avoir des renseignements, pour acheter ou faire réparer un vélo peut se sous-estimer, à tort.
Chez un réparateur de vélos où toute l’équipe est masculine, cela peut créer une sorte de cliché qui peut effrayer certaines femmes. C’est pour cette raison que de nombreuses femmes viennent souvent en couple, et se rallient facilement à l’avis de leur compagnon plutôt que de se faire confiance dans leurs sensations ou leur penchant pour un modèle plutôt qu’un autre.
Le secteur du vélo tend à se féminiser
De nos jours, les femmes sont encore minoritaires dans le secteur du cycle et dans le domaine des vélocistes spécialisés. Pourtant, on observe depuis peu une féminisation de la profession de conseiller technique cycle ou de mécanicien cycle. Cela est visible dans les boutiques spécialisées mais aussi et surtout dans les chiffres de participation aux formations des métiers du vélo.
Des femmes pour conseiller des femmes
Comme le montre le graphique de l’Institut National du Cycle et du Motocycle, de plus en plus de femmes se forment aux métiers du cycle. Certaines intègrent une équipe composée d’hommes mais d’autres choisissent une voie différente : celle d’ouvrir leur propre atelier de réparation de vélos.
Source : Institut National du Cycle et du Motocycle (INCM)
Les femmes qui choisissent cette carrière doivent cependant faire face à des clichés. Certains hommes auront du mal à laisser leur bécane entre les mains d’une femme mais ce qu’ils oublient c’est que si cette femme est parfaitement formée au métier de réparateur vélo, elle aura toutes les compétences nécessaires. C’est là que la réparatrice cycle devra faire preuve de fermeté pour montrer à son client qu’elle est tout à fait compétente.
Mais pour certaines femmes, le choix d’ouvrir leur propre atelier de réparation vélos va plus loin. Elles souhaitent permettre aux femmes qui n’osent pas se rendre chez un vélociste masculin de trouver des services de réparation de vélo dispensés par une femme. C’est aussi une manière de montrer qu’une femme est tout à fait capable de faire un métier que beaucoup pense réservé aux hommes.
Les métiers dans le vélo sont aussi bien pour les hommes que pour les femmes
Informations complémentaires du centre de formation EMBA Business School
Sur 24 promos de CQP (actuellement TVPS option cycle) depuis 2013 nous avons formé seulement 5% de femmes (17 sur 329). Sur 7 promos d’opérateurs cycles (FUB) depuis 2020 nous avons formé 26% de femmes (21/81). Face à ce constat nous lançons une réflexion dans l’idée de faire “sauter” peut-être certains points de blocages que pourrait ressentir le public féminin et qui expliquerait ce décalage entre ratios de pratiquantes/usagères du vélo et ratios de participantes à des formation. Notre équipe actuel de formateurs.rices est d’ailleurs composée de 3 hommes et 2 femmes.
Yannick Prats, Formateur coordinateur cycles chez EMBA Business School